jeudi 16 décembre 2010

M.-G. Meriggi | L’Historiographie sociale en Italie. Entre la « Formation économique et sociale » capitaliste et les sociabilités ouvrières



L’histoire sociale dont je vais vous parler est surtout une histoire du monde du travail et je souligne que ce champ d’études fait aujourd’hui problème ou quand même impose une réflexion préalable. Notre champ de travail est, en effet, soumis aux va-et-vient quelques fois contradictoires des orientations culturelles, citoyennes et politiques ambiantes. Les historiens italiens ont poussé probablement à l’extrême une caractéristique qui n’appartient pas qu’à eux. Très souvent l’histoire de certains partis ou cultures politiques a été assignée aux historiens du même champ, avec tous les rebondissements que ça implique. Mais ces rapports complexes entre l’histoire, la société et la politique ont embrassé des milieux beaucoup plus vastes. Un « vieux maître » de ces études, Eric J. Hobsbawm, a écrit déjà en 1974 que ce champ de travail était au point de croisement pour ainsi dire entre l’université et le monde extérieur. « [The typical labor historian] stands at a point of junction between politics and academic study, between practical commitment and theoretical understanding, between interpreting the world and changing it. For labor history is by tradition a highly political subject, and one which was for long practiced largely outside of the universities. All the studies of labor were of course political since the subject began to arouse systematic scholarly interest, say in the 1830s and the 1840s with the various enquiries into the condition of the new proletariat (1) ».


(1) E. Hobsbawn, « Labor History and Ideology », Journal of Social History, 1974, VII, p. 371-381 (le texte cité se trouve à la p. 371)

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