mardi 25 octobre 2011

Ian H. Birchall | Sartre et le marxisme, intervention du 22 octobre 2011


En présentant un nouveau livre sur Sartre, on se sent d’une certaine façon coupable. Si on consulte le catalogue de la Bibliothèque Nationale, on trouve 2076 livres par ou au sujet de Sartre. Est-il vraiment besoin d’en ajouter un – et même deux ?

Mais naturellement je réponds que oui. Parce qu’il reste des choses à dire au sujet de Sartre, et surtout il faut le sauver de ceux qui ne seraient que trop heureux de laisser la dépouille de Sartre se décomposer sous les ruines du mur de Berlin. Si pour Sartre, à l’époque de la Critique de la raison dialectique le marxisme était indépassable, aujourd’hui il ne manque pas de gens pour nous dire que le marxisme est en effet dépassable et même tout simplement dépassé. Il faut sauver Sartre de ses ennemis mais aussi de ses amis.

dimanche 16 octobre 2011

[parution] Ian H. Birchall, Sartre et l'extrême-gauche française


Ian H. Birchall, Sartre et l'extrême-gauche française : cinquante ans de relations tumultueuses. Paris: La Fabrique, 2011.– 416 p.

[parution] Emmanuel Barot (dir.), Sartre et le marxisme


La pensée et les interventions politiques de Sartre ont marqué l’espace intellectuel français depuis la Libération et restent une référence incontournable et d’une grande actualité pour ceux qui veulent comprendre les enjeux théoriques, historiques et politiques de la situation contemporaine.
Cet ouvrage propose d’examiner la manière dont Sartre a croisé le fer, en permanence, avec la théorie marxiste et ses représentants les plus en vue, autant qu’avec les organisations qui, alors, s’en réclamaient. Celui qui fut le compagnon de route puis le critique hétérodoxe du Parti communiste français, proche des jeunes maos après 1968, soutien indéfectible des mouvements anticolonialistes, s’est attaqué à des questions théoriques et politiques fondamentales : qu’est-ce que l’idéologie, l’aliénation ? L’histoire est-elle toujours celle du primat des forces matérielles ? Pourquoi la dialectique est-elle incontournable ? Qu’est-ce qu’une classe ? Les Trente glorieuses ont-elles rendu inadéquate l’idée de « prolétariat » ?
Mais il s’est également confronté à des interrogations tactiques et stratégiques : faut-il soutenir ou non la gauche réformiste ? Voter aux élections ? Peut-on se passer de la violence en politique ? Toutes questions qui ne sont pas moins actuelles et se posent à tous ceux qui, dans nos temps politiques et théoriques incertains, se demandent ce qu’être révolutionnaire peut vouloir dire.
Sartre et le marxisme réunit ainsi les contributions d’historiens et de philosophes, « sartriens » ou non, qui analysent le rapport critique de Sartre aux principaux courants politiques du marxisme, à ses interlocuteurs théoriques privilégiés, et, enfin, à ses concepts théoriques et politiques les plus névralgiques. Dans Questions de méthode puis Critique de la raison dialectique, « ouvrage marxiste écrit contre les communistes », ainsi que dans ses multiples textes d’intervention réunis dans les Situations, Sartre affirme que le marxisme restera « un horizon indépassable tant que le monde qui l’a produit ne sera pas dépassé ». Le règne du capitalisme est toujours aussi féroce qu’alors, et l’actualité montre que le xxie siècle ne sera pas moins conflictuel que les autres, que les peuples auront à batailler rudement pour se réapproprier leurs destins.

Emmanuel Barot (sous la direction de), Sartre et le marxisme. Paris : La Dispute, 2011.– 398 p.


Introduction par Emmanuel Barot
Sartre et son être de classe, par Juliette Simont
Première Partie : Histoires et situations
Chapitre Premier. Sartre et les communistes français, par Claude Mazauric
Chapitre 2. Sartre, Trotsky et le trotskisme, par Ian Birchall
Chapitre 3. Sartre et Guérin : controverses sur la Révolution française, par Jean-Numa Ducange
Chapitre 4. Sartre et le maoïsme, par Jean Bourgault
Chapitre 5. Entre Marx et l’URSS, par Emmanuel Barot
Deuxième partie : Confrontations
Chapitre 6. Des marxismes contradictoires ? Sartre et Lukács, par Vincent Charbonnier
Chapitre 7. Le marxisme est-il un humanisme ? Sartre et Althusser, par André Constantino Yazbek
Chapitre 8. Sartre avec Fanon : notes et réflexions sur une alliance, par Valentin Schaepelynck
Chapitre 9. Aliénation et quotidienneté : Sartre et Henri Lefebvre, par Laurent Husson
Chapitre 10. Entretien avec Alain Badiou, par Emmanuel Barot
Troisième Partie : Problèmes et concepts théoriques et stratégiques
Chapitre 11. Aux racines de l’idéologie, par Emmanuel Barot
Chapitre 12. L’aliénation comme réification, par Franck Fischbach
Chapitre 13. Philosophie et politique : pour une critique du volontarisme, par Michel Kail
Chapitre 14. Multitudes et luttes : l’enjeu de la dialectique, par Hadi Rizk
Chapitre 15. Perspectives sartriennes sur l’oppression et la lutte, par Ronald Aronson
Conclusion, par Emmanuel Barot
 

mardi 11 octobre 2011

[parution] E.-G. Morelly, Code de la nature

Code de la nature ou le véritable esprit de ses lois

Morelly, le philosophe oublié des Lumières...

En 1755 paraît un petit ouvrage anonyme intitulé Le code de la nature ou le véritable esprit de ses lois (de tout temps négligé ou méconnu). Ce texte, rédigé par un mystérieux Morelly, est éreinté par les grands journaux de l'époque, à cause de ses attaques violentes contre l'institution religieuse et la morale dominante. Il est pourtant considéré parle marquis d'Argenson comme « le livre des livres ». Et selon toute vraisemblance, Rousseau a lu et médité Le code de la nature avant d'écrire Du contrat social...
Le code de la nature est aussi le premier programme socialiste de l'histoire de France : l'ouvrage se termine sur un plan de législation idéale destiné à assurer le bonheur du genre humain, sur la base de l'abolition de la propriété privée et de l'avènement d'une société fraternelle.
C'est une œuvre utopique d'un genre nouveau en France : personne avant Morelly n'avait osé quitter le terrain du romanesque et de la narration fabuleuse, pour affirmer la nécessité de révolutionner aussi radicalement le vieux monde.
C'est aussi un texte philosophique : le programme législatif est précédé de trois « dissertations », dans lesquelles l'auteur ferraille contre ses adversaires sur le terrain moral, politique et métaphysique.
Attribué par certains à Rousseau, par d'autres à Diderot, le texte accède à la fin du XVIIIe siècle au rang de « grand livre socialiste du XVIIIe siècle ».

Les auteurs
Stéphanie Roza, professeure de philosophie, est ATER à l'université de Paris 1-Panthéon Sorbonne. Ses travaux portent sur le courant des « Lumières radicales ».
Étienne-Gabriel Morelly est né vers 1715. On connaît de lui six textes. Le code de la nature est son ultime ouvrage.
  
Étienne-Gabriel Morelly, Le code de la nature ou le véritable esprit des lois.
Montreuil : La ville brûle, 2011.

lundi 10 octobre 2011

[parution] C. Preve, Histoire critique du marxisme

Il s’agit d’une histoire du marxisme (et non d’une relecture ou d’une réinterprétation de la pensée de Marx) qui relance un débat nécessaire parmi les amis de Karl Marx et les penseurs qui se réclament du marxisme – deux catégories qui sont loin de se recouvrir. 
En effet, Marx et le marxisme n’ont pas grand-chose à voir. En France, il s’agit d’une problématique qui, pour rester très minoritaire n’est pas totalement inconnue. Parler du marxisme au singulier est sûrement abusif. Il y a des marxismes, souvent très différents et parfois radicalement opposés. Preve en fait le constat. 
Mais alors que les études marxologiques habituellement classifient les courants du marxisme en fonction des présuppositions théoriques ou des interprétations et réinterprétations de Marx, Preve tente d’appliquer au marxisme la méthode de Marx lui-même, c’est-à-dire la compréhension de la genèse sociale des catégories de la pensée. 
Malgré une œuvre déjà fort consistante qui fait de lui un des penseurs italiens importants parmi ceux qui se sont mis « à l’école de Marx », Costanzo Preve reste presque inconnu en France. La traduction en français et la publication de la Storia Critica del marxismo, parue en 2007, vient donc combler ce manque à l’heure où la crise favorise un sensible retour à Marx. 

Constanzo PREVE est professeur de philosophie à Turin et auteur de Elogio del comunitarismo, 2006, Storia della dialettica, 2006, Storia dell’etica, 2007, Il marxismo e la tradizione culturale europea, 2009.