mercredi 31 octobre 2012

[parution] Lucien Sève : Aliénation et émancipation


 Avec la crise profonde du capitalisme, Marx est en plein retour, et particulièrement son concept-clef d’aliénation. Dans ce recueil de textes, le philosophe Lucien Sève propose une étude précise et une réactualisation de ce concept, en prise sur les enjeux théoriques et politiques contemporains, dans la perspective de l’émancipation collective et du dépassement du capitalisme.
Cet ouvrage propose une lecture inédite de Marx en montrant, nombreux textes à l’appui, que l’idée d’aliénation, centrale dans les Manuscrits de 1844, texte de jeunesse auquel s’arrêtent la plupart des commentateurs contemporains, non seulement ne disparaît pas du Capital mais y acquiert une tout autre portée. Au-delà de la dénonciation des souffrances de l’individu au travail, elle met en examen les logiques de base du capitalisme : faute d’appropriation collective, les productions humaines de tous ordres se convertissent en puissances sociales incontrôlables et écrasantes, menant le genre humain à sa perte. Avec Marx, l’auteur montre que travailler à surmonter cette aliénation est la tâche cruciale de notre temps, qu’il ne peut y avoir émancipation sociale sans émancipation de chaque individu, qu’on ne préservera pas la planète Terre sans sauvegarder le genre humain de la déshumanisation capitaliste.
Urgence de communisme, texte inédit constituant la première moitié de l’ouvrage, affirme fortement la conséquence politique de ces analyses : le dépassement effectif du monde capitaliste aliénant exige d’inventer en pensée et en acte ce communisme radicalement émancipateur que visait Marx.


 
Table des matières

Avant-propos

Urgence de communisme (2012)
Garaudy, Althusser et l’aliénation – Splendeur et misère de l’aliénation selon les Manuscrits de 1844 – Une légende têtue: l’aliénation absente du Capital – Un concept majeur du Capital – Aliénation objective, aliénation subjective – Inventaire d’une catégorie – Une fixation rétrograde à l’aliénation selon les Manuscrits de 1844 – « Socialisme scientifique »: un bilan sévère – Réduire l’aliénation à l’exploitation ? – Socialisme et communisme ne sont pas des synonymes pour Marx – Dépassement du capitalisme et développement des individus – « Nature humaine » et transformation historique – Une gravissime crise d’humanité – Des possibles réels – Retrouver l’audace de l’invention stratégique

Analyses marxistes de l’aliénation (1973)
Une théorie feuerbachienne de l’aliénation – De l’aliénation religieuse à l’aliénation du travail – Une analyse richement suggestive – Un concept encore piégé par l’abstraction spéculative – Passer à un matérialisme historique – L’aliénation disparaît-elle du Capital ? – Quand l’activité humaine se fait «puissance étrangère» – Un «point de passage nécessaire» – Aliénation et mouvement historique d’ensemble – Vues en retour sur l’aliénation religieuse – Une catégorie centrale pour penser l’histoire – Du grand sens de l’idée d’aliénation chez Marx – En chemin vers une désaliénation

Émancipation sociale et libre développement de chacun (2000)
L’émancipation comme désaliénation – Formation sociale et formes d’individualité – L’obligatoire émergence historique de l’individu intégral – L’émancipation individuelle, fin et moyen au présent

Cause écologique et cause anthropologique (2011)
«Écolo», tout le monde sait, mais «anthropolo», c’est quoi?... – Penser l’actuelle mise en péril du genre humain – Une décivilisation sans rivage – L’indignation, prémisse d’une juste politique –

Karl Marx, 82 textes du Capital sur l’aliénation


dimanche 14 octobre 2012

[Parution] Karl Korsch, Marxisme et philosophie (nouvelle traduction)



« Ainsi les hommes se sont-ils appliqués de manière pratique à la réalité effective. Si concrète que soit la liberté en elle-même, elle n'en a pas moins été appliquée sous forme non développée, dans son abstraction, à la réalité effective, cela veut dire la détruire. Le fanatisme de la liberté, une fois aux mains du peuple, devient terrible. En Allemagne, le même principe a retenu l'intérêt de la conscience ; mais il a été développé de manière théorique. Nous avons, nous, la tête assaillie et envahie par toutes sortes de bruits, mais la tête allemande préfère garder tranquillement son bonnet de nuit, et opère à l'intérieur d'elle-même. »
Karl Korsch, Marxisme et philosophie (nouvelle*) traduction de l'allemand par Baptiste Dericquebourg, Guillaume Fondu et Jean Quétier. Paris, Allia, 2012.

*Une première traduction française due à Claude Orsini a paru aux Éditions de Minuit en 1964 dans la collection « Arguments ».

[Parutions] Collectif, « Autour d'Althusser : pour un matérialisme aléatoire » & Althusser, « Cours sur Rousseau (1972) »


Autour d’Althusser. Pour un matérialisme aléatoire : problèmes et perspectives
Ouvrage Collectif
Essai - Philosophie - Matière à Pensées
ISBN : 9782841099306 - 200 pages - Format : 140 x 210
Paru le 11-09-2012 - Disponible
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Étienne Balibar, Olivier Bloch, Jean-Claude Bourdin, Isabelle Garo, Alain Gigandet, Pascale Gillot, Annie Ibrahim, Irène Pereira et André Tosel se penchent dans cet ouvrage sur les problèmes et les perspectives induites par le matérialisme althussérien. “Jamais un coup de dés n’abolira le hasard”. Althusser fait un bref commentaire de cette célèbre sentence mallarméenne dans un texte de 1982 – Le courant souterrain du matérialisme de la rencontre. Il y conclut que l’histoire n’est que la révocation permanente du fait accompli par le “fait à accomplir” sans qu’on sache à l’avance ni jamais, ni où, ni comment. Affaire de jeu de dés à jeter sur la table vide… Ainsi est déterminée une position en philosophie et en politique, assiette inédite qui en appelle à l’aléatoire et se donne comme un “chantier” ouvert à nos explorations. De fait, les catégories du sujet, de l’aliénation, de la dialectique, de l’idéologie, sont bradées ou ébranlées au profit du processus hasardeux et de la vicissitude des formes. Pourtant, ni le primat de la lutte des classes ni la thèse de la matérialité objective du monde ne sont sacrifiés au nouvel horizon de la conjoncture. Il se peut qu’il y ait deux voies du matérialisme, aussi légitimes l’une que l’autre – matérialisme de la nécessité et matérialisme de la rencontre. Gageons que ce dernier puisse faire que les éléments vivants d’un ensemble politique “s’accrochent” entre eux et au tout de telle sorte que ce qui est vrai en théorie le soit aussi en pratique.


 




























Ces cours d’Althusser sur le Discours sur l’origine de l’inégalité ont été prononcés en 1972 à l’École normale supérieure de la rue d’Ulm dans le cadre de la préparation à l’agrégation de philosophie. Althusser avait déjà abordé ce texte en 1956 et en 1966 ; les tapuscrits de ces cours ont été publiés par François Matheron (Seuil, 2006), mais celui de 1972 a été perdu. Or ce cours avait été enregistré par Yves Vargas, alors étudiant, qui avait obtenu l’autorisation d’Althusser. Afin que ce cours ne soit pas perdu, il a confié son enregistrement à la Fondation Gabriel Péri pour une édition sonore et au Temps des cerises pour une reproduction écrite absolument fidèle.
Ce cours de 1972 est intéressant à double titre : il a engendré une génération nouvelle de rousseauistes, attentifs non seulement aux idées de Rousseau mais aussi à ses concepts enfouis sous des métaphores, sous de personnages, sous des situations romanesques. Une nouvelle façon d’aborder la rigueur théorique de Rousseau au-dessous de ses apparentes rêveries et élans sentimentaux a été ainsi mise en œuvre.
En second lieu, on découvre à présent que les thèses du « dernier Althusser » sur le matérialisme aléatoire, sur la nécessité de rompre avec le déterminisme strict des théories de l’histoire afin d’apporter une philosophie « pour » Marx, était en chantier bien avant 1985, dans cette lecture de Rousseau treize ans auparavant, qui introduit sous le texte rousseauiste les notions de vide, d’accident, de nécessité après-coup…
Dans sa préface, Yves Vargas se propose d’aider les lecteurs non familiers avec Rousseau ou Althusser en proposant une description du texte (plan, idées principales, etc.).