Le 12 janvier 2010, Daniel Bensaïd est mort à Paris, à l’âge de 63 ans. Pour Lignes, mais pas seulement, cette mort aura été l’occasion une considérable tristesse, dont ce numéro témoigne.
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Les livres eux-mêmes témoignent d’ailleurs de cette distinction incertaine : la quasi absence de livre, d’abord, toutes les années où celui-ci se consacra à l’immédiateté de la lutte politique (co-fondation de le Jeunesse communiste révolutionnaire en 65, participation à la création du Mouvement du 22 mars en 68, puis à celle de la Ligue communiste révolutionnaire…) : quatre livres en vingt ans, en tout et pour tout. Puis vingt-cinq livres les vingt années suivantes. Dont les plus importants, ceux qui le feront passer par Benjamin (Sentinelle messianique) pour repenser Marx (L’intempestif). Un travail de fond qui fait de lui l’un des exégètes (engagés) les plus remarquables du corpus marxiste, c’est ce qu’il est au moins possible d’en dire ; mais qui fait de lui aussi et surtout celui qui a le plus profondément remis en jeu la validité du marxisme pour le monde contemporain.
Il a régulièrement contribué à Lignes dès et depuis 1993 ; Lignes à qui il a donné quatre de ses derniers livres ces cinq dernières années ; entre autres Fragments Mécréants, et Penser, Agir.