Ce célèbre texte de Marx,
rédigé en 1845, est un des plus petits documents philosophiques :
soixante-cinq lignes, distribuées en onze «thèses», dont la plus longue compte
treize lignes et la plus brève, une ligne et demie.
À quoi attribuer sa
fortune ? Il en va de ces notes comme des aphorismes de
Nietzsche ou des Carnets de Valéry :
le regard étranger découvre, dans l’apparente spontanéité de l’écriture, dans
sa déconcertante concision, sa propre disponibilité et comme une invite à la
libre coproduction du sens.
Marx, en réalité, règle
ses comptes avec ce qu’il appelle sa «conscience philosophique d’autrefois ».
Il refuse désormais de se contenter du rôle de spectateur.
Il voit dans ce qu’il
regarde autour de lui, des besoins et des projets, du travail et de
l’imagination, qui renvoient à une économie, à une culture, à une histoire,
c’est-à-dire à une société déterminée.
Ce livre nous fait
pénétrer au sein du laboratoire de Marx, au moment où il engage une révolution
théorique qui n’a pas fini de faire parler d’elle, ainsi qu’en témoigne le
retentissant, perdurable et quasi obsessionnel écho de la 11e thèse
sur Feuerbach : « Les philosophes ont seulement interprété
différemment le monde, ce qui importe, c’est de le changer. »
La suite est connue,
l’œuvre sera poursuivie sous le signe, pour l’essentiel, de la « critique
de l’économie politique », du Manifeste
du Parti communiste et du Capital,
du 18 Brumaire et de La guerre civile en France. À noter que
cet avenir-là, nous le connaissons, mais pas Marx…
Après avoir participé à la
lutte de libération nationale du peuple algérien, Georges Labica enseignera la
philosophie à l’université de Nanterre. Il a notamment dirigé Le Dictionnaire critique du marxisme (avec
Georges Bensussan), PUF, 1982, 1985, 2003.
Georges Labica, Karl Marx, les thèses sur Feuerbach. Paris : Syllepse, .– 188 pages
isbn : 9782849504130
Georges Labica, Karl Marx, les thèses sur Feuerbach. Paris : Syllepse, .– 188 pages
isbn : 9782849504130
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